« Les taux hypothécaires grimpent régulièrement depuis un moment », confie Ron Butler de Butler Mortgage à Canadian Mortgage Trends.
« Les taux fixes quinquennaux sur les prêts à ratio élevé ont bondi de 10 à 20 points de base, après avoir touché un plancher de 3,64 % en début de mois », souligne-t-il. Les taux fixes traditionnels, sans assurance, grimpent aussi progressivement.
Les banques réduisent leurs rabais sur les taux variables. CIBC et Scotiabank ont notamment réduit leur marge de réduction par rapport au taux préférentiel de 4,95 %. « Ce changement s’opère progressivement », explique M. Butler. « Les offres ont perdu leur attrait d’antan. »
Les deux banques ont relevé leurs taux variables de 10 à 15 points de base environ. Mais qu’est-ce qui pousse les prêteurs à freiner leurs activités ?
« Le problème ne réside pas uniquement dans le coût des échanges », explique Ron Butler. « Il ne s’agit ni de couverture ni d’autre chose du genre. L’incertitude est simplement trop grande. Les grandes banques cherchent à se prémunir contre un mouvement soudain des taux qui pourrait les mettre en difficulté. »
Pourquoi les taux variables peuvent encore baisser
Les remises sur les taux variables ont continué à se réduire dans l’ensemble du secteur, pas seulement dans les grandes banques.
M. Butler souligne que la tendance se dessine clairement, même si certains prêteurs proposent encore des réductions discrétionnaires d’environ 100 points de base sous le taux préférentiel pour les prêts hypothécaires à ratio élevé. « Les grandes banques privilégieront les taux fixes dès qu’elles pourront les commercialiser. »
L’histoire se répète. Butler se rappelle qu’en pleine crise financière de 2008, les banques avaient drastiquement réduit leurs remises, n’offrant plus que des taux variables à peine supérieurs au taux préférentiel.
L’incertitude règne aujourd’hui. Elle concerne non seulement les taux d’intérêt, mais aussi l’économie dans son ensemble : droits de douane, perturbations du commerce international, volatilité des marchés financiers…
« Cette situation sème la confusion et fragilisera l’économie, forçant la Banque du Canada à sortir de sa pause d’ici la fin de l’année », a-t-il affirmé, soulignant que les marchés prévoient déjà une baisse minimale d’un demi-point.
Les taux réels des emprunts à taux variable continueront de baisser à mesure que la Banque du Canada réduira son taux directeur, malgré la hausse récente des nouveaux prix causée par la diminution des rabais.
Souffrir maintenant pour saisir une occasion plus tard ?
Les taux variables pourraient rester avantageux dans la durée, affirment certains experts, malgré la réduction des rabais sur les prêts hypothécaires à taux variable.
Dave Larock, spécialiste des taux hypothécaires, souligne dans son blogue que les taux variables dépassent actuellement les taux fixes. Ces taux variables pourraient toutefois remporter la course si la Banque du Canada devait sabrer plus vigoureusement ses taux d’ici la fin de l’année.
« Le taux variable s’avérera probablement l’option la plus économique, affirme-t-il, à condition que ses fluctuations ne compromettent pas votre situation financière et que vous acceptiez son incertitude naturelle. »
M. Larock précise que les marchés obligataires anticipent seulement deux nouvelles réductions d’un quart de point. Il estime cependant que la Banque du Canada pourrait réduire ses taux de 0,75 % ou plus si un risque de récession se matérialise, ce qui entraînerait une baisse supplémentaire des taux variables.
Il met toutefois en garde : les taux variables conviennent davantage à une stratégie à long terme qu’à une spéculation à court terme consistant à guetter le bon moment pour basculer vers un taux fixe avant une possible remontée des taux.
« Les emprunteurs passant du variable au fixe en cours de route s’engagent généralement sur des taux plus élevés que ceux proposés au début de leur prêt », souligne-t-il.
Recommandation : Profitez des taux inférieurs à 4 %, tant que cela dure.
Ron Butler conseille aux emprunteuses et emprunteurs de saisir dès maintenant l’opportunité d’un taux fixe quinquennal inférieur à 4 %.
« Un taux quinquennal commençant par 3 reste une aubaine, souligne-t-il. Les emprunteurs s’arrachaient tout taux sous les 4 % il y a deux ans à peine. »
Il insiste aussi sur la souplesse des conditions de prêt immobilier, un atout précieux pour les emprunteurs qui prévoient des changements de vie prochains.
« Si vous envisagez de changer de logement d’ici deux ans, choisissez un prêt à taux variable. Il offre une pénalité moindre et davantage de souplesse », conclut l’expert.
Avec fichiers de Jared Lindzon
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Last modified: mai 2, 2025