Ce nouveau scénario tranche avec la position antérieure de Scotia, qui prévoyait jusqu’à présent que la Banque du Canada avait atteint son taux terminal et maintiendrait ses taux à 2,75 % pour toute la durée de ses prévisions.
Selon un nouveau rapport, les économistes de Scotia estiment que les perspectives de croissance se détériorent rapidement, principalement en raison d’une « intensification marquée de la politique protectionniste américaine ».
Même si le Canada a pour l’instant échappé aux tarifs les plus lourds, il subit déjà les effets d’un ralentissement de la croissance américaine et d’une baisse des prix des matières premières.
Risques de part et d’autre de la frontière
Aux États-Unis, Scotia souligne que des tarifs douaniers exceptionnellement élevés — les plus importants depuis un siècle — « freinent déjà fortement l’activité économique, et ce ralentissement devrait se poursuivre en 2025 ».
Les conséquences se font sentir par ailleurs, même si les droits de douane sur les produits canadiens soient restés stables depuis mars.
« Nous anticipons que la Réserve fédérale conservera son taux directeur inchangé pour le reste de l’année, en raison de l’impact inflationniste de sa politique tarifaire », explique le rapport. « La Banque du Canada devrait maintenir son taux à 2,75 % jusqu’à la fin de l’année, mais cette prévision pourrait évoluer en fonction des données d’inflation et de croissance des prochains mois. »
Scotia ne prévoit pas de récession à proprement parler — contrairement à d’autres prévisions, comme celles d’Oxford Economics — mais reconnaît que le risque est élevé.
« Les droits de douane et l’incertitude qu’ils engendrent feront inévitablement planer la menace d’une récession », avertissent les économistes.
Pour le Canada, ils anticipent désormais un ralentissement de la croissance du PIB à seulement 0,7 % en 2026, et une hausse du taux de chômage à 7,2 % alors que l’économie aura du mal à redémarrer.
Des baisses de taux de la BdC à l’horizon — mais pas avant 2026
Face à un ralentissement de la croissance, Scotia anticipe désormais que la Banque du Canada amorcera un cycle de baisse des taux d’intérêt l’année prochaine.
L’équipe précise : « Nous partons du principe que le gouverneur Macklem ne modifiera pas les taux pour le reste de l’année, mais cette hypothèse dépendra de l’évolution du conflit commercial mondial, de l’ampleur du ralentissement économique aux États-Unis et de la réaction du gouvernement canadien. »
« Une détérioration plus importante que prévu des économies américaine ou canadienne inciterait la Banque du Canada à baisser ses taux », ont-ils ajouté.
Selon leur scénario de base, la Banque du Canada réduirait son taux directeur de 75 points de base en 2026, afin de soutenir un redressement économique qui reste fragile.
Cette précision distingue la Banque Scotia des autres grandes banques, comme BMO, TD et CIBC, qui prévoient que la Banque centrale baissera ses taux cette année avant de suspendre ses actions pour l’avenir.
La Banque Nationale et RBC anticipent également deux à trois baisses de 25 points de base en 2025, mais prévoient que la Banque du Canada relèvera ses taux une ou deux fois en 2026, à mesure que l’économie se redressera.
L’inflation imposera un périlleux exercice d’équilibrisme
La situation restera complexe même si Scotia prévoit que la Banque du Canada maintiendra ses taux cette année et commencera à les baisser en 2026. Un défi majeur réside dans le fait que l’inflation ne diminuera pas facilement, surtout avec les droits de douane qui augmentent les coûts dans tous les domaines.
« Il sera difficile pour les banques centrales, dont la Banque du Canada, d’éviter que les hausses de prix liées aux droits de douane ne se traduisent par une inflation durable », ont-ils déclaré.
Malgré ces risques, Scotia anticipe une diminution progressive de l’inflation, avec une croissance de l’IPC qui passerait de 2,3 % en 2025 à 2,1 % en 2026, se rapprochant ainsi de l’objectif de 2 % fixé par la Banque du Canada. Cette prévision repose sur un ralentissement continu de l’économie et sur l’hypothèse que l’impact des droits de douane ne s’amplifiera pas.
La banque prévient toutefois que ces prévisions sont susceptibles d’évoluer. Si les tensions commerciales s’atténuent, « l’économie pourrait retrouver rapidement des couleurs au cours du second semestre », ont-ils précisé.
Cependant, si la guerre commerciale s’intensifie et que les tarifs douaniers augmentent encore, « les perspectives économiques se détérioreraient considérablement », ont-ils averti.
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Last modified: avril 29, 2025