Le taux d’inflation annuel du Canada a ralenti à 1,7 % en avril, en baisse par rapport à 2,3 % en mars, alors que les prix de l’énergie ont chuté. Cependant, les pressions sous-jacentes sur les prix sont restées fermes, ajoutant de l’incertitude quant à la prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt.
Les prix de l’énergie ont chuté fortement (-12,7 %), tirant vers le bas l’inflation annuelle du pays. L’essence (-18,2 %) et le gaz naturel (-14,1 % sur un an, -18,9 % sur un mois) ont mené cette baisse. Selon Statistique Canada, la suppression de la taxe carbone pour les consommateurs explique principalement le recul des prix à la pompe.
Les prix des voyages organisés (+6,7 %) et de l’épicerie (+3,8 %) ont freiné la décélération de l’inflation annuelle.
Les prix hors énergie affichent une hausse préoccupante, passant de 2,5 % en mars à 2,9 % en avril. Cette progression révèle de nouvelles tensions inflationnistes. Les indicateurs de référence de la Banque du Canada poursuivent également leur ascension : l’IPC-trim atteint 3,1 % tandis que l’IPC-médian grimpe à 3,2 %.
Le rapport sur l’IPC d’avril cache des inquiétudes plus sérieuses derrière ses chiffres globaux, selon les économistes. « L’inflation globale nous accorde un répit apparent, mais les détails du rapport révèlent une montée des pressions inflationnistes sous-jacentes », met en garde Andrew Hencic de TD.
La flambée des prix alimentaires en avril a fait grimper l’inflation de base à 3,8 % sur un an, contre 3,2 % en mars.
Douglas Porter de BMO note que les effets des tarifs commencent à se manifester dans des catégories spécifiques, particulièrement dans les coûts des aliments et des véhicules.
« La faiblesse du huard en début d’année, conjuguée aux tarifs sur certaines importations américaines, a propulsé les prix des aliments vers le haut, déclare M. Porter. Les prix des véhicules témoignent aussi des tensions commerciales, avec une hausse mensuelle de 0,9 %, portant le taux annuel à près de 3 % — alors qu’ils avaient reculé de 0,1 % sur l’ensemble de 2024. »
La BdC est prise entre l’inflation causée par les tarifs et un marché de l’emploi faible
Les économistes constatent que la BdC fait face à un dilemme : les données de l’IPC révèlent des pressions tarifaires croissantes tandis que le marché de l’emploi montre des signes d’essoufflement.
Les données révèlent deux tendances opposées selon Porter : les prix énergétiques reculent tandis que l’inflation de base, alimentée par les tarifs, progresse. Ces deux phénomènes devraient s’atténuer progressivement. La BdC affronte cependant un véritable défi : ses indicateurs privilégiés de l’inflation sous-jacente dépassent les prévisions.
« La Banque du Canada, écrit-il, se trouve dans l’embarras : ses deux indicateurs principaux de l’inflation fondamentale atteignent leur plus haut niveau depuis un an, soit avant l’amorce des baisses de taux. Le récent rapport décevant sur l’emploi incitait la Banque à réduire ses taux, mais cette poussée de l’inflation fondamentale au-delà des 3 % vient balayer cet argument. »
Cela dit, M. Porter prévoit davantage de baisses de taux cette année, étant donné les perspectives économiques faibles pour 2025 — mais la BdC pourrait avoir besoin de plus de temps pour le faire.
Plus direct, l’économiste Hencic de la TD décrit les récentes données inflationnistes comme « un revers pour la BdC », compliquant ainsi la perspective des baisses de taux.
« La banque centrale devrait toutefois pouvoir baisser les taux deux fois de plus cette année. Le ralentissement marqué du marché du travail et l’allègement temporaire des tarifs par Ottawa lui donnent cette latitude pour soutenir une économie en perte de vitesse. »
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Last modified: mai 20, 2025