Notre rapport du mois dernier l’indiquait : Oxford prévoit désormais une croissance du PIB limitée à 0,7 % en 2025, avant un recul de 0,2 % en 2026.
« Des chocs d’une ampleur exceptionnelle secouent l’économie », affirme Tony Stillo, directeur de l’économie canadienne chez Oxford Economics. « Les changements actuels dépassent largement les ajustements habituels liés aux politiques économiques—nous assistons à des bouleversements majeurs. »
La baisse des tarifs entre le Canada et les États-Unis apporte un répit, mais les droits de douane américains plus élevés imposés aux autres pays freineront la demande mondiale et affecteront par ricochet les exportations et investissements canadiens.
« La réduction des droits de douane entre les États-Unis et la Chine n’est pas un facteur significatif pour le Canada, note M. Stillo. Elle réduit le risque de récession aux États-Unis, mais, pour le Canada, même des droits de douane de 30 % restent une mauvaise nouvelle, et ces réductions ne changent pas la donne du tout. »
Une récession inéluctable
Le Canada a suspendu ses tarifs de représailles sur certains produits américains, mais les tensions commerciales mondiales continuent d’ébranler l’économie. Oxford maintient sa prévision d’une récession au Canada, même après la levée des tarifs douaniers.
« Les tarifs américains ont amputé la production de pièces automobiles canadiennes de 30 %, souligne M. Stillo. Les mesures de rétorsion canadiennes ont amplifié ce recul. La pause soulage certes les ménages, mais le choc externe persiste, d’où notre maintien d’une récession dans nos prévisions. »
Les perspectives d’Oxford signalent aussi un recul des investissements des entreprises, conséquence directe de l’incertitude politique actuelle. « Ces chocs affectent en priorité les dépenses d’investissement, précise M. Stillo, et les chiffres le confirment déjà ».
Le tableau se complique davantage car de nombreux produits canadiens ne répondent toujours pas aux critères commerciaux de l’ACEUM.
Les données du recensement américain 2024 révèlent que 38 % des exportations canadiennes seulement respectent les règles d’origine de l’ACEUM. Une amélioration de ce taux ferait chuter les tarifs douaniers de 12,6 % à environ 3-4 %, soulageant ainsi les tensions commerciales.
« Ce facteur déterminant influencera les perspectives futures, atténuant potentiellement l’impact des tarifs américains sur le Canada », observe M. Stillo.
Un fléchissement de l’immigration pourrait freiner la croissance économique à long terme.
Oxford accorde désormais plus d’importance aux tendances démographiques dans ses prévisions. L’immigration, moteur essentiel de l’économie et du marché immobilier depuis dix ans, s’essouffle nettement.
L’économiste principal d’Oxford, Michael Davenport, observe que le gouvernement fédéral amorce un repli durable dans son plan à moyen terme.
« Le ralentissement démographique que nous anticipons risque de freiner sérieusement l’économie canadienne », affirme M. Davenport.
L’offre de main-d’œuvre ralentit déjà sa progression, ce qui freine la montée du chômage malgré l’essoufflement général de l’économie. Les experts d’Oxford anticipent une hausse du taux de chômage qui culminera à 7,4 % en 2025, comparé aux 6,9 % actuels.
Selon Davenport, la tendance migratoire à long terme devrait se stabiliser légèrement en dessous de 1 % de la population annuelle. Ce changement marque une rupture avec l’ère Trudeau et correspond mieux aux capacités d’absorption de l’économie, particulièrement au niveau du parc immobilier.
La dégradation du moral économique, conjuguée à la montée des taux obligataires, accentue les tensions sur l’économie.
Les emprunteurs et propriétaires hypothécaires affrontent un défi immédiat : non pas les tarifs douaniers ni l’immigration, mais le moral fléchissant des consommateurs et les nouvelles dynamiques du marché obligataire.
Les experts d’Oxford Economics constatent un effondrement du moral des entreprises et des consommateurs. Les modèles prévisionnels plongent sous l’effet des tensions commerciales. « Ces tendances annoncent habituellement un recul des dépenses des consommateurs, et nous observons exactement cela », souligne Michael Davenport.
La confiance des consommateurs canadiens, mesurée par l’indice Bloomberg Nanos ou BNNCI, affiche une modeste progression depuis l’arrivée de Mark Carney. L’indice a grimpé de 45,9 à 48,6 en deux mois. Les dépenses des ménages stagnent toutefois, malgré ce rebond postélectoral.
Les obligations s’agitent face à l’incertitude actuelle. Les investisseurs réclament des primes de risque accrues, propulsant les rendements à long terme vers le haut, malgré le maintien par la Banque du Canada de son taux directeur à 4,75 % en juin.
« Les taux directeurs resteront stables, souligne M. Davenport, mais la prime de risque grimpe face aux importantes incertitudes et aux perspectives d’inflation à la hausse. Les marchés anticipent désormais une inflation plus élevée dans tous les secteurs. »
« Même les aspects potentiellement positifs, comme l’objectif du premier ministre Carney de supprimer les barrières commerciales interprovinciales d’ici le 1er juillet, ne compenseront probablement pas les dommages à court terme causés par les droits de douane et l’incertitude générale », a noté Oxford.
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Last modified: mai 16, 2025