Forts de 168 sièges, soit quatre de moins que la majorité absolue, les Libéraux devront à nouveau s’appuyer sur le soutien du NPD ou du Bloc Québécois pour mettre en œuvre leur programme.
Si ce résultat préserve l’équilibre politique actuel, le changement de direction amorcé avec l’arrivée de Mark Carney devrait entraîner des évolutions significatives en matière de finances publiques et de politique du logement.
Stimulus fiscal et perspectives de déficit
Le programme des libéraux prévoit un stimulus budgétaire de 77 milliards de dollars sur quatre ans, financé par l’augmentation des déficits.
D’après Oxford Economics, ce plan représente 2,5 % du PIB de 2024, avec des investissements concentrés sur « l’augmentation des dépenses militaires, des projets d’infrastructure et la construction de logements, ainsi que sur des baisses d’impôts pour les particuliers et les entreprises ».
Le Bureau parlementaire du budget estime que le déficit fédéral atteindra 62,3 milliards de dollars, soit 2 % du PIB, en 2025-2026 en vertu du plan libéral. Cela représente une augmentation par rapport à un déficit de base de 46,8 milliards de dollars, soit 1,5 % du PIB.
Avery Shenfeld, de CIBC, souligne que « les déficits risquent de dépasser les prévisions libérales de campagne », surtout si la croissance économique déçoit.
Il écrit : « Les chances que le déficit dépasse 2 % du PIB sont probablement plus importantes que celles d’un résultat inférieur. »
Perspectives économiques : la relance apporte un soutien, mais le risque de récession demeure.
Les plans de dépenses libéraux amortiraient le choc économique, selon les économistes, sans pour autant écarter une légère récession. Les analystes d’Oxford Economics et de BMO prévoient une atténuation partielle des effets de la guerre commerciale mondiale.
Oxford prévoit que les mesures stimuleront la croissance du PIB de 0,2 point l’an prochain et de 0,6 point en 2026. « L’économie plongera au deuxième trimestre, précise la firme, mais traversera une récession plus légère et brève. »
Robert Kavcic de BMO résume : « Même après avoir intégré les tarifs de représailles canadiens, qui devraient générer 20 milliards de dollars… la plateforme libérale représente un stimulus net positif de 0,5 % du PIB pour l’exercice financier 2025/26. »
Des risques persistent néanmoins. Une économie défaillante menacerait l’équilibre budgétaire. « Il existe un risque supplémentaire de détérioration des perspectives budgétaires », a-t-il prévenu, surtout si la croissance déçoit.
Politiques du logement et du crédit hypothécaire
La plateforme libérale énumérait plusieurs mesures axées sur le logement visant à améliorer l’abordabilité et à augmenter l’offre.
L’une des promesses phares est de supprimer la TPS sur les maisons neuves de moins d’un million de dollars pour les premiers acheteurs — une mesure qui pourrait aider à réduire les coûts pour ceux qui entrent sur le marché.
Le parti prévoit également de débloquer plus de 25 milliards de dollars en financement pour soutenir de nouvelles constructions de logements abordables à travers le pays.
Le gouvernement prévoit également une réduction de 1 % pour le tranche d’imposition fédérale la plus basse et annule l’augmentation récente du taux d’inclusion des gains en capital. Cette décision peut avantager les propriétaires comme les investisseurs.
Les partis s’accordent sur plusieurs initiatives. « La TPS sur les nouvelles maisons devrait disparaître, selon la majorité des partis », affirme Robert Kavcic de BMO. Le Bloc et le NPD plaident pour des investissements massifs en infrastructure, le NPD militant ardemment pour le transport en commun.
Les Libéraux prévoient également un changement dans la tarification du carbone, supprimant la taxe carbone pour les consommateurs tout en maintenant un système pour les grands émetteurs. Ils proposent aussi des tarifs douaniers sur les importations provenant de pays n’ayant pas de politiques climatiques similaires.
Perspectives des taux de la Banque du Canada et réaction du marché
Avec les Libéraux qui prévoient une forte dose de stimulation fiscale, les économistes affirment que la Banque du Canada pourrait adopter une approche plus prudente concernant la baisse des taux d’intérêt.
Oxford Economics constate que les dépenses publiques « portent le gros du fardeau », incitant la banque centrale à stabiliser son taux directeur.
Les baisses de taux n’en restent pas moins à l’horizon. BMO table sur 75 points de base d’ici décembre, les marchés misent sur 50 points.
« Le budget déterminera l’ampleur de ces baisses », affirme Benjamin Reitzes de BMO.
Les marchés financiers demeurent imperturbables face aux résultats électoraux. Le dollar canadien et les obligations d’État conservent leur stabilité. BMO souligne que les investisseurs guettent plutôt le prochain budget fédéral et scrutent l’horizon des négociations commerciales canado-américaines.
Image par Artur Widak/NurPhoto via Getty Images
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Last modified: avril 30, 2025