La Banque Scotia reste convaincue que la Banque du Canada a déjà terminé ses réductions de taux, tandis que les autres grandes banques canadiennes s’attendent encore à au moins une baisse cette année.
La Banque Scotia anticipe un maintien du taux directeur à 2,75 % jusqu’en 2026, selon ses dernières prévisions. Ce taux dépasse nettement les projections des autres grandes banques : BMO et la Banque Nationale prévoient 2,00 %, tandis que RBC, CIBC et TD tablent sur 2,25 %.
La raison ? L’incertitude, beaucoup d’incertitude.
Dans un récent rapport, l’économiste de la Banque Scotia Jean-François Perrault et son équipe soutiennent que la Banque du Canada maintiendra probablement ses taux inchangés dans un avenir prévisible en raison de l’escalade des risques mondiaux, particulièrement en provenance du sud de la frontière.
Menaces tarifaires et risques d’inflation
Les économistes de la Banque Scotia soulignent que la position de la Banque du Canada répond surtout aux incertitudes mondiales croissantes, notamment aux politiques commerciales américaines.
Donald Trump impose une taxe de 25 % sur les voitures et pièces importées à partir du 2 avril. Le président américain cherche ainsi à stimuler la production nationale. Cette mesure rapportera 100 milliards de dollars par an selon les prévisions. Les constructeurs automobiles s’inquiètent toutefois. Leurs coûts grimperont et leurs ventes chuteront, particulièrement pour ceux qui dépendent des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les mesures commerciales imprévisibles des États-Unis ébranlent la confiance des entreprises. Cette situation accroît l’incertitude et attise les craintes d’inflation. La Banque Scotia met en garde : la BdC pourrait devoir augmenter ses taux, plutôt que les réduire, si l’inflation liée aux tarifs persiste. « La Banque ne laissera pas un choc tarifaire se transformer en choc inflationniste », affirme le gouverneur Tiff Macklem.
« Les attentes inflationnistes sont déjà en hausse au Canada, note le rapport. La balance des risques suggère que la probabilité de taux plus bas pourrait prédominer… mais il existe une chance non nulle que le gouverneur Macklem doive augmenter les taux d’intérêt si l’évolution de l’inflation le justifie. »
La banque centrale fait preuve de prudence face à une croissance modérée
Les économistes de la Banque Scotia anticipent une croissance modérée de l’économie canadienne : 1,7 % en 2025 et 1,5 % en 2026. Cette progression reste modeste sans pour autant signaler une récession.
Les baisses de taux récentes stimulent déjà suffisamment l’économie. Les incertitudes liées au commerce mondial et à l’inflation limitent désormais les possibilités d’assouplissement monétaire.
La Banque Scotia tempère l’optimisme ambiant. Une hausse des taux d’intérêt reste possible si l’inflation l’exige, même dans un contexte de ralentissement économique.
D’autres économistes partagent un avis similaire.
Le cabinet Oxford Economics entrevoit peu de marges pour assouplir davantage la politique monétaire. Les économistes envisagent une à deux baisses supplémentaires si les tensions commerciales s’apaisent. Le taux directeur ne devrait toutefois pas descendre sous les 2,25 %, soit le plancher de la fourchette neutre établie par la Banque du Canada.
« La Banque du Canada ne devrait plus baisser ses taux d’intérêt. Elle cherche maintenant un équilibre entre la hausse des prix et le ralentissement économique causé par la guerre commerciale », affirme l’économiste d’Oxford Michael Davenport.
Les économistes de BMO soulignent la vigilance renforcée de la Banque face aux risques inflationnistes. Ils précisent dans leur dernière analyse que les outils monétaires ne peuvent contrer la hausse des prix liée aux tarifs douaniers. La Banque maintient fermement son cap vers sa cible d’inflation de 2 %.
BMO souligne que la Banque du Canada pourrait freiner son assouplissement monétaire, sauf si la conjoncture économique se dégrade davantage que prévu.
Prévisions actuelles des six grandes banques concernant le taux directeur et le rendement des obligations
banquescotia Benjamin Reitzes bmo economica Editor's pick Jean-Francois Perrault Michael Davenport Oxford Economics Tendances des taux hypothécaires
Last modified: mars 28, 2025