S’adressant au Conseil de commerce de Mississauga vendredi, Tiff Macklem a exposé les conséquences économiques sévères d’un conflit commercial prolongé, en particulier si le Canada riposte avec ses propres tarifs.
« Les tensions commerciales accrues avec les États-Unis sont une nouvelle réalité », a-t-il dit, prévenant que ce choc durable transformerait profondément l’économie canadienne.
« Un conflit commercial prolongé ravagerait l’économie, affirme le gouverneur. Des tarifs douaniers durables et généralisés empêcheraient tout rebond. L’économie retrouverait peut-être sa croissance actuelle, mais accuserait une perte permanente de production. »
Une économie affaiblie, en proie à une plus grande inflation
Tiff Macklem a expliqué qu’une forte hausse des tarifs ferait chuter les exportations, réduisant ainsi la production et provoquant des pertes d’emplois.
« Selon les modèles bancaires, les exportations chuteront de 8,5% un an après l’application des tarifs », dit M. Maclem. Les entreprises réduiront leurs investissements de 12%, freinées par des coûts accrus et un climat d’incertitude.
Les revenus d’exportation en baisse freineraient la consommation des ménages, tandis que les tarifs douaniers de rétorsion renchériraient les produits importés.
Macklem a révélé que les importations américaines représentent 13% du panier de l’IPC canadien. La faiblesse du dollar canadien accentue le problème en renchérissant les importations.
Effet sur les taux d’intérêt
La Banque du Canada abaisse progressivement ses taux face au recul de l’inflation. Son taux directeur plonge désormais sous ses records récents. Le gouverneur Macklem reconnaît toutefois les limites de son institution face à un potentiel choc commercial. La banque centrale peut stimuler la demande intérieure par des taux bas, mais elle veille à ne pas relancer l’inflation.
« La politique monétaire peut faciliter l’ajustement en soutenant la demande afin qu’elle ne s’affaiblisse pas beaucoup plus que l’offre, concède M. Macklem. Mais le soutien que peut apporter la politique monétaire est limité par la nécessité de contrôler l’inflation. »
« La politique monétaire facilite l’adaptation mais ne comble pas les pertes de production ni ne répare tous les dégâts économiques, selon lui. Les tarifs douaniers font grimper les prix une seule fois. Rien dans la politique monétaire ne peut contrer cette hausse. »
Les emprunteurs hypothécaires font face à une situation complexe. La Banque du Canada hésite entre deux options : réduire ses taux pour soutenir l’économie chancelante ou les maintenir élevés pour maîtriser l’inflation causée par les importations coûteuses. M. Maklem affirme que la priorité reste de contenir cette poussée inflationniste passagère.
Profonde mutation du contexte économique
Macklem insiste sur la nécessité de réformes structurelles au Canada pour résister aux impacts d’une guerre commerciale, au-delà des mesures monétaires.
Ces réformes comprennent la levée des barrières commerciales interprovinciales, l’amélioration de la mobilité de la main-d’œuvre, et l’investissement dans de meilleures liaisons de transport est-ouest pour élargir l’accès aux marchés d’outre-mer.
Ces changements de politique pourraient aider à long terme, mais les défis immédiats persistent.
« Un conflit commercial prolongé, conclut Tiff Maclem, réduirait fortement les exportations et l’investissement. Il coûtera des emplois et augmentera l’inflation dans les prochaines années et abaissera notre niveau de vie à long terme. L’incertitude seule cause déjà des dommages. »
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Last modified: février 21, 2025