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L’empressement de la Banque du Canada à réduire les taux s’estompe face à l’incertitude des tarifs

Les procès-verbaux de la réunion du 12 mars révèlent la réticence grandissante de la Banque du Canada à poursuivre les baisses de taux. L’institution justifie sa dernière intervention par les inquiétudes croissantes d’un conflit commercial avec les États-Unis.

L’économie canadienne a bouclé 2024 en force, selon les dirigeants de la banque. Sa croissance vigoureuse atteint 2,6 % tandis que l’inflation frôle la cible de 2 %, portée par les précédentes réductions de taux.

Les perspectives économiques s’assombrissent pour le début de 2025. Les consommateurs et les entreprises font preuve d’une grande prudence. Les sondages révèlent qu’ils réduisent drastiquement leurs dépenses et investissements, redoutant l’élargissement des tarifs douaniers.

« La Banque hésite à baisser encore les taux sans voir les perspectives se dégrader davantage », souligne Benjamin Reitzes, économiste chez BMO.

M. Reitzes ajoute que les décideurs politiques redoutent de plus en plus les pressions inflationnistes causées par les hausses de coûts liées aux tarifs, la faiblesse du dollar canadien et les éventuelles perturbations de la chaîne logistique.

La Banque s’inquiète avant tout de l’inflation, qui a bondi de façon inattendue en février. Les décideurs surveillent attentivement la situation, même si l’affaiblissement de la demande intérieure pourrait atténuer certaines pressions. Ils veulent éviter que les hausses temporaires des prix causées par les tarifs ne déclenchent une inflation généralisée.

Michael Davenport d’Oxford Economics partage cet avis. « La Banque pourrait marquer une pause pour équilibrer les effets des tensions commerciales et les risques inflationnistes grandissants », explique l’économiste.

« La Banque du Canada devrait cesser de baisser les taux. Elle cherche à contrebalancer les effets négatifs de la guerre commerciale sur l’économie face à l’inflation. Quelques baisses supplémentaires de 0,25 % restent possibles cette année, surtout si les États-Unis ou le Canada allègent leurs tarifs douaniers », écrit-il. « La BdC évitera probablement de descendre sous la barre des 2,25 %, seuil minimal de sa zone neutre située entre 2,25 % et 3,25 %. »

Autres points clés à retenir des délibérations de mars :

  • L’économie américaine inquiète : La croissance a fléchi plus que prévu fin 2024, surtout dans les investissements commerciaux. Les consommateurs continuent de dépenser, mais un climat d’inquiétude s’installe. Les sondages révèlent une prudence accrue des ménages et des entreprises face aux nouvelles politiques commerciales. Les données réelles ne reflètent pas encore cette méfiance.
  • Les coûts d’exploitation grimpent sous l’effet des tarifs et menacent d’alimenter l’inflation : Le dollar canadien affaibli et les perturbations tarifaires ont déjà renchéri les machines importées et les biens intermédiaires. Les entreprises doivent aussi assumer les frais de diversification de leurs fournisseurs. Les prix, surtout alimentaires et manufacturiers, commencent à refléter ces hausses.
  • Les prévisions inflationnistes grimpent progressivement : Les membres constatent une hausse des prévisions à court terme depuis janvier. Cette tendance découle principalement d’une meilleure prise de conscience du public face aux augmentations tarifaires potentielles. La Banque surveille minutieusement tout risque de dérapage de ces anticipations.
  • Le Conseil de direction renonce aux prévisions économiques : Cette décision s’explique par des risques complexes et par l’impact incertain du conflit commercial sur l’inflation et l’économie.
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Last modified: mars 26, 2025

Steve Huebl is a graduate of Ryerson University's School of Journalism and has been with Canadian Mortgage Trends and reporting on the mortgage industry since 2009. His past work experience includes The Toronto Star, The Calgary Herald, the Sarnia Observer and Canadian Economic Press. Born and raised in Toronto, he now calls Montreal home.

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