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BMO resserre les règles hypothécaires pour les travailleurs de l’acier et de l’aluminium, mais les experts appellent à garder une perspective

La Banque de Montréal (BMO) a suscité la panique la semaine dernière en resserrant ses critères d’admissibilité aux prêts hypothécaires pour les travailleurs autonomes du secteur sidérurgique et aluminium.

BMO building

Les experts estiment que ce changement de politique ne doit pas surprendre, ni affecter significativement la majorité des emprunteurs. Cependant, les restrictions renforcées frappant les industries pénalisées par les droits de douane révèlent une tendance économique inquiétante.

Le groupe Avantage Courtiers Hypothécaires de BMO a publié une note à destination de ses partenaires courtiers. La note cite les droits de douane et un contexte économique instable. L’acier et l’aluminium rejoignent désormais la liste des industries dont BMO limite l’investissement. Cette liste inclut déjà la construction, le transport, le commerce de détail, la fabrication et le divertissement.

Les prêteurs imposent des conditions plus strictes aux travailleurs autonomes des secteurs touchés. Ces nouvelles exigences comprennent : un ratio ATD maximal de 42 % (contre 44 % auparavant), un ratio ABD ne dépassant pas 39 %, et une cote de crédit d’au moins 750 pour l’un des demandeurs.

Kyle Seeback, porte-parole conservateur du Travail, a vivement critiqué la décision depuis l’annonce. « BMO abandonne les Canadiens et les travailleuses et travailleurs canadiens », a-t-il déclaré.

La banque défend sa position. Elle souligne que chaque dossier de financement immobilier fait l’objet d’une analyse individuelle. Cette approche rigoureuse, conjuguée à ses critères de souscription, préserve la stabilité financière des consommateurs sur le long terme.

« Les institutions financières examinent couramment de nombreux facteurs macroéconomiques, notamment les secteurs d’activité, pour évaluer les demandes de prêt », précise BMO dans une déclaration à Canadian Mortgage Trends.

« Cette mesure technique ne concerne pas les salariés. Elle constitue un critère parmi d’autres pour évaluer les dossiers des travailleurs autonomes, précise-t-elle. Chaque emprunteur présente un profil unique. Nous étudions donc chaque demande de prêt au cas par cas. »

Ce changement ne suscite pas l’inquiétude générale.

David Larock d’Integrated Mortgage Planners s’étonne de l’agitation qu’a suscitée cette affaire. « Je ne pensais pas que ce soit important, mais je suis surpris de voir tout le monde s’en émouvoir, explique-t-il. Les gens sont en colère et cherchent des boucs émissaires, et cela a fini par devenir un sujet d’irritation. »

Les emprunteurs touchés ne représentent qu’une minorité

Larock reconnaît que ces restrictions envers un secteur déjà fragilisé peuvent paraître injustes. Toutefois, il souligne que ce changement de politique reflète simplement les pratiques courantes des prêteurs et ne touche qu’une infime partie des emprunteurs.

« Les demandeurs de prêt hypothécaire atteignant un ratio du service de la dette totale entre 42 % et 44 % représentent une infime minorité, dit-il. Ces travailleurs autonomes doivent œuvrer dans un secteur spécifique tout en frôlant le plafond d’admissibilité. »

M. Larock reconnaît la gravité des conséquences pour les personnes touchées, mais souligne que peu d’emprunteurs rempliront l’ensemble des conditions menant aux restrictions.

BMO est-elle la seule ? Ou la seule à être transparente ?

Les critiques essuyées par BMO depuis son annonce inquiètent David Larock. Il redoute que les autres banques n’adoptent désormais des politiques similaires en toute discrétion.

« Ne pensez pas que BMO soit la seule à percevoir et à réagir face à ce risque accru, dit-il. Les autres prêteurs pourraient se dire : “BMO a essuyé trop de critiques en annonçant ce petit ajustement de politique. Nous préférons donc refuser les dossiers en invoquant d’autres motifs.” »

Cela, craint-il, dessert finalement l’industrie, car les emprunteurs pourraient être refusés pour des raisons qui ne sont pas clairement communiquées.

« Les prêteurs doivent privilégier une communication claire de leurs politiques, dit-il. Cette transparence nous permet de mieux informer nos clients. Aux courtiers qui critiquent BMO, je pose la question : vos critiques encourageront-elles ou décourageront-elles les prêteurs à communiquer leurs changements de politique ? Une diminution de leur transparence nous desservira-t-elle ? »

Un « coup de semonce »

BMO a inscrit l’acier et l’aluminium sur sa liste de secteurs à risque. Cette décision, bien qu’ayant peu d’effets concrets, révèle les tensions économiques qui secouent les relations commerciales canado-américaines.

Le changement frappe les esprits moins par sa portée concrète que par sa valeur symbolique.

« C’est comme un coup de semonce », déclare Ryan Sims de TMG, expert en taux. « Avec l’annonce d’un tarif de 25 % sur les automobiles, verrons-nous le secteur automobile s’ajouter à cette liste ? »

M. Sims souligne également que l’aluminium et l’acier viennent s’ajouter à une liste déjà bien fournie. Celle-ci inclut les travailleurs autonomes des secteurs de la construction, du transport, du divertissement, de la vente au détail, de la banque et de la finance, de la fabrication, des ressources naturelles, du commerce général et des services publics.

« La liste aurait été plus courte si nous avions simplement indiqué les secteurs qui nous paraissent peu appétissants », lance-t-il avec humour. L’ajout des autres secteurs n’a d’ailleurs suscité pratiquement aucune réaction.

Ryan Sims tempère l’annonce pessimiste sur les tarifs américains. Ces mesures visant l’acier et l’aluminium affecteront peu les courtiers et les emprunteurs, contrairement aux ouvriers de ces secteurs.

« La banque fermera les yeux sur le secteur d’activité face à un dossier triple A : excellent crédit, endettement limité et faible ratio prêt-valeur, explique-t-il. En revanche, elle cherchera probablement une excuse pour rejeter un dossier fragile présentant un crédit médiocre, des ratios limites, un ratio prêt-valeur élevé, un surendettement non garanti et un patrimoine négatif. »

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Last modified: mars 31, 2025

Journaliste indépendant et conférencier torontois, Jared Lindzon possède une plume recherchée par les plus prestigieux médias. Ses articles paraissent dans le Globe & Mail, Fast Company et TIME Magazine, mais aussi dans le New York Times, Rolling Stone, The Guardian et Fortune Magazine.

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