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Les fluctuations dans le marché obligataire canadien indiquent un avenir mouvementé pour les taux d’intérêt, selon les experts

Les experts hypothécaires canadiens ne peuvent faire qu’un seul constat sur les taux hypothécaires actuels : l’incertitude règne.

Mortgage rate uncertainty

Le rendement des obligations canadiennes à cinq ans a connu une forte volatilité la semaine dernière. Il a d’abord bondi de 2,96 % à 3,28 % mercredi, puis s’est replié à 3,02 % vendredi.

« Dans mon blog de fin d’année, l’une de mes prédictions était que les taux seraient assez volatils tout au long de cette année », dit Ryan Sims, expert en taux chez TMG. « Nous ne sommes qu’à deux semaines du début de la nouvelle année, mais, jusqu’à présent, ma prédiction semble plutôt bonne. »

Les craintes d’inflation aux États-Unis ont alimenté cette volatilité. Les données canadiennes sur l’emploi, plus robuste que prévu, et l’instabilité politique des deux pays ont également contribué à cette situation. Les experts hésitent à faire des prévisions face à l’arrivée imminente d’une administration américaine menaçant d’imposer des politiques inflationnistes et des tarifs douaniers élevés au Canada.

« L’inflation américaine constitue le principal facteur d’influence sur les taux d’intérêt canadiens », confie Bruno Valko à Canadian Mortgage Trends. Le vice-président des ventes nationales chez RMG ajoute : « L’arrivée d’un président très imprévisible nous laisse dans l’incertitude totale. »

M. Valko explique que certaines promesses de campagne du président élu Trump, comme les expulsions massives, la suppression des taxes sur les pourboires, la sécurité sociale et le paiement des heures supplémentaires ainsi que l’imposition de droits de douane sur les biens importés, auraient toutes un impact négatif sur l’inflation américaine et, par conséquent, les taux d’intérêt canadiens.

En conséquence, les prévisions concernant le taux directeur final de la Banque du Canada varient largement, allant de 2 % selon les prédictions de RBC à 3 % selon celles de la Banque Scotia. La Banque Nationale, quant à elle, estime que nous pourrions voir des hausses de taux de la Banque du Canada avant la fin de l’année prochaine.

M. Valko souligne l’inexactitude fréquente des prévisions, même en période de stabilité économique. Il déconseille donc de trop miser sur les prédictions actuelles.

« Les prévisions ont échoué sur toute la ligne : pas de récession en 2023, pas d’effondrement des taux », dit-il. « L’écart entre les prévisions de RBC et de la Banque Scotia illustre d’ailleurs cette impossibilité de prédire l’avenir. Je m’abstiens donc de tout pronostic, d’autant que Trump arrive lundi au pouvoir avec la promesse de signer 100 décrets dont personne ne peut anticiper les effets. »

Les experts maintiennent leur prévision d’une baisse des taux en janvier.

Les prévisions à long terme manquent de certitude. Les analystes gardent néanmoins confiance dans une baisse de taux de 25 points de base ce mois-ci. L’évolution ultérieure des taux reste cependant floue.

« La Banque du Canada va probablement réduire les taux d’un quart de point, mais le mouvement s’arrêtera là pour un moment, affirme M. Sims. La Banque du Canada restera plus prudente que prévu cette année. Un trop grand écart avec la Fed provoquerait l’effondrement du dollar canadien. Cette chute relancerait alors l’inflation. »

La Banque du Canada ne tient généralement pas compte de la valeur du dollar dans ses décisions sur les taux, explique M. Sims. La banque centrale considère toutefois les risques d’inflation. L’affaiblissement du dollar canadien face au dollar américain renchérit les importations, faisant ainsi de la devise un élément déterminant des décisions sur les taux.

« La Banque doit certes baisser les taux, mais sans faire de baisse drastique qui sèmerait la panique. On ne traverse pas une jungle pleine de lions en suant la peur », affirme l’expert Ron Butler. « Une baisse de 25 points de base suffit, accompagnée d’un message de surveillance attentive, même si l’on prévoit d’autres baisses. »

Ce qui reste aux courtiers et aux emprunteurs

M. Butler constate une forte augmentation des prêts hypothécaires à taux variable ces derniers mois. Le conseiller recommande d’ailleurs ce type de prêt, alors que plusieurs baisses de taux d’un quart de point sont attendues d’ici la fin du semestre.

« Le taux variable a bondi de 2 % à 35 % en neuf mois, dit-il. L’économie risque fort de se détériorer et l’inflation demeure neutre — sans indication claire d’une hausse ou d’une baisse. Dans ces conditions, le taux variable s’impose comme seul choix logique. »

M. Sims partage cet avis tout en reconnaissant la préférence de certains clients pour la sécurité des taux fixes face à l’instabilité actuelle.

« Le taux variable reste le meilleur choix si vous pouvez dormir tranquille, dit-il. Ce conseil peut toutefois varier selon les situations. Un taux fixe de deux ans conviendra mieux à quelqu’un qui prévoit vendre sa maison d’ici deux ans. »

M. Valko se montre plus prudent face aux taux variables actuellement. L’expert hésite à les recommander universellement vu le contexte instable.

« Les courtiers ne devraient pas garantir un résultat, conclut-il. La volatilité causée par Donald Trump rend impossible toute prédiction sur les taux de 2025. »

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Last modified: février 19, 2025

Journaliste indépendant et conférencier torontois, Jared Lindzon possède une plume recherchée par les plus prestigieux médias. Ses articles paraissent dans le Globe & Mail, Fast Company et TIME Magazine, mais aussi dans le New York Times, Rolling Stone, The Guardian et Fortune Magazine.

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